Restauration des tourbières à sphaignes


Depuis 1992, le Groupe de recherche en écologie des tourbières, en collaboration avec l'Association canadienne des producteurs de tourbe, a mis au point une méthode de restauration des tourbières dominées par les sphaignes où la tourbe est extraite pour la production de substrats horticoles : la méthode de transfert de la couche muscinale (MTCM). Cette méthode est maintenant largement appliquée en Amérique du Nord, mais aussi en Amérique du Sud, au Japon, en Australie et en Europe.

Guide de restauration des tourbières (Quinty et Rochefort 2003).

Le chapitre 3 sur la méthode de restauration a été révisé en 2019 et 2020 et se présente sous forme de fascicules.

 

Méthode de transfert de la couche muscinale (MTCM)

L’objectif de la méthode de transfert de la couche muscinale est, à court terme, de rétablir un couvert végétal typique des tourbières à sphaignes, qui permettra d’y rétablir la fonction d’accumulation de tourbe à long terme et, par conséquent, la capacité de séquestrer du carbone.

La méthode comprend 8 étapes : 

1. Planification

Tout projet de restauration doit commencer par une planification minutieuse, afin de décrire les conditions du site avant restauration et les objectifs spécifiques de la restauration. C'est à ce stade qu'est élaboré un plan de restauration, qui détaille chacune des opérations à réaliser et les ressources à mobiliser pour y parvenir. 
Une bonne planification comprend également une comparaison avec l'écosystème de référence

2. Préparation du site

3. Récolte des plantes

Cette étape consiste à récolter du matériel végétal sur une tourbière intacte, appelée site donneur, afin de le réintroduire dans le site à restaurer. À l'aide de machines, les 10 cm supérieurs de la couche de mousse sont récoltés. Celle-ci contient des graines, des rhizomes et des diaspores d'une multitude d'espèces, notamment des sphaignes, ces petites plantes non vasculaires responsables de l'accumulation de la tourbe dans les tourbières. Les communautés de Sphagnum du sous-genre Acutifolia, telles que Sphagnum rubellum et S. fuscum sont visées. Dans les tourbières naturelles, elles forment des buttes et sont plus résistantes à la sécheresse que les espèces des dépressions.

4. Épandage des plantes

5. Épandage de la paille

L'ajout d'un paillis de paille permet de protéger les mousses du vent et de la chaleur, et de créer un microclimat favorable à leur établissement. L'effet est temporaire car la paille se décompose après environ quatre ans. Il convient de noter que les sphaignes n'ont pas de système racinaire et sont donc très sensibles aux conditions environnementales. Cependant, une fois établies, elles n'ont pas besoin de paillis.

6. Fertilisation

7. Le remouillage

Après la fertilisation, nous sommes enfin prêts à « remouiller »la tourbière. Le retour à des conditions hydriques typiques (par exemple, une nappe phréatique stable et proche de la surface) est essentiel pour le rétablissement du tapis de sphaigne. Les canaux de drainage, qui avaient été creusés lors des activités d'extraction de la tourbe, sont donc bloqués par la tourbe. Ainsi, l'eau des précipitations peut à nouveau s'accumuler dans la tourbière.

8. Suivi de la restauration

Autres options de restauration et de réaménagement


Restauration des fens

Lorsque la tourbe résiduelle n’est pas caractéristique d’une tourbière à sphaignes, mais plutôt d’un fen, les efforts de restauration doivent s’effectuer en vue de restaurer un fen. Il a été démontré que la méthode de transfert de la couche muscinale n’est pas directement applicable aux fens et que celle-ci doit être adaptée. Son adaptation fait actuellement l’objet de plusieurs projets de recherche au GRET.

 

Culture de sphaignes

Les tourbières à sphaignes peuvent aussi faire l’objet de culture de sphaignes, qui vise la production de fibres de sphaignes non décomposées sur une base cyclique et renouvelable. La biomasse produite peut être utilisée à différentes fins, comme substitut à la tourbe dans les substrats horticoles, comme mousse florale pour la culture d’orchidées, comme matériel donneur pour la restauration de tourbières, etc. La culture de sphaignes et son optimisation est étudiée depuis quelques années au GRET.